GTB (Gestion Technique du Bâtiment) : installation et financement

La GTB (Gestion Technique du Bâtiment) permet de piloter intelligemment les équipements techniques d’un bâtiment tertiaire : chauffage, ventilation, éclairage, etc. Ce guide vous explique comment installer une GTB, optimiser son fonctionnement, réduire votre consommation d’énergie et bénéficier des aides disponibles pour améliorer l’efficacité de vos installations.

Tout comprendre en 1 min

La GTB (Gestion Technique du Bâtiment) automatise le fonctionnement des systèmes techniques du bâtiment pour mieux les réguler, en assurer le suivi, prévenir les pannes et optimiser les consommations.

📌6 informations sur la GTB :

  1. La GTB orchestre l’ensemble, la GTC pilote un domaine spécifique.
  2. Elle s’applique aux équipements comme le chauffage, la ventilation ou l’éclairage
  3. Elle collecte et analyse les données énergétiques en continu
  4. Elle est obligatoire dans certains cas selon le décret BACS
  5. Elle offre un retour sur investissement rapide grâce aux économies réalisées
  6. Elle est finançable via le dispositif CEE (Certificats d’Économies d’Énergie)

Définition de la GTB et différences avec la GTC

Qu’est-ce qu’une GTB ?

La Gestion Technique du Bâtiment (GTB) est un système informatique centralisé conçu pour superviser, piloter et optimiser le fonctionnement des équipements techniques d’un bâtiment tertiaire : chauffage, climatisation, ventilation, éclairage, sécurité ou encore production d’eau chaude sanitaire.

Concrètement, la GTB collecte des données énergétiques en continu via des capteurs répartis dans le bâtiment, les analyse, et ajuste automatiquement le fonctionnement des équipements pour améliorer l’efficacité énergétique. Grâce à une interface unique, le système permet une commande centralisée, un suivi détaillé des consommations, des alertes en cas de panne et une gestion optimisée des opérations techniques.

Ce pilotage intelligent repose sur des technologies d’automatisation, de contrôle et de régulation, ce qui permet à l’entreprise de réduire ses factures, de maîtriser son impact environnemental et de répondre aux obligations réglementaires du décret BACS ou du décret tertiaire.

Icon svg

La GTB collecte des données énergétiques en continu via des capteurs répartis dans le bâtiment, les analyse, et ajuste automatiquement le fonctionnement des équipements pour améliorer l’efficacité énergétique. Icon svg

💡Que sont le décret BACS et le décret tertiaire ?

Le décret BACS vise à optimiser la performance énergétique des bâtiments en imposant l’installation de systèmes d’automatisation et de contrôle des bâtiments (BACS) pour tous les bâtiments tertiaires équipés de système de chauffage ou de climatisation.

Le décret tertiaire quant à lui impose une réduction des consommations énergétiques progressive pour les bâtiments tertiaires. Cette nouvelle réglementation vise à économiser 60% d’énergie finale dans ces bâtiments à l’horizon 2050.

La GTB est aujourd’hui l’un des piliers de l’immotique dans le secteur tertiaire, à savoir la domotique appliquée aux bâtiments professionnels. On parle également de Building Management System (BMS) dans le langage international.

GTB ou GTC : quelles différences ?

La GTB (Gestion Technique du Bâtiment) et la GTC (Gestion Technique Centralisée) sont deux systèmes de gestion des équipements techniques, mais leur périmètre fonctionnel diffère fortement.

  • La GTC est généralement limitée à un seul lot technique (par exemple, le chauffage ou l’éclairage), sur un site unique.
  • La GTB, elle, offre une vision élargie et intégrée : elle gère plusieurs lots techniques, souvent sur plusieurs bâtiments ou zones fonctionnelles, avec des fonctions avancées de supervision, de planification et d’optimisation.

Autrement dit, la GTC est un sous-ensemble fonctionnel, souvent intégré dans une GTB plus complète. L’hypervision, quant à elle, désigne l’étape suivante : elle coordonne plusieurs GTB et GTC sur différents sites.

Terminologie à connaître

  • GTB (Gestion Technique du Bâtiment) : système de gestion global des équipements techniques d’un bâtiment tertiaire.
  • GTC (Gestion Technique Centralisée) : pilotage d’un seul lot technique.
  • BMS (Building Management System) : équivalent anglophone de la GTB.
  • Domotique : automatisation technique dans le logement individuel.
  • Immotique : domotique appliquée aux bâtiments professionnels.
  • Hypervision : gestion centralisée multi-sites intégrant plusieurs GTB/GTC via un logiciel unique.

Fonctionnement de la GTB dans les bâtiments tertiaires

Composants d’un système GTB : capteurs, automates, interface

Un système GTB repose sur plusieurs briques technologiques interconnectées qui assurent l’acquisition, le traitement et l’exploitation des données énergétiques du bâtiment.

Le rôle des capteurs et des actionneurs
Les capteurs mesurent des données clés : température, humidité, présence, consommation d’énergie, qualité de l’air, niveau d’éclairage, etc. Ils sont installés dans différentes zones du bâtiment pour fournir une lecture en temps réel du fonctionnement des systèmes techniques.

Les actionneurs, quant à eux, reçoivent les ordres de commande issus du traitement des données (par exemple : ouverture d’une vanne, arrêt d’un circuit de climatisation, variation de puissance d’un éclairage). Ce lien capteur-actionneur permet une régulation automatique et fine des équipements.

L’importance du logiciel de supervision
Le logiciel de supervision est le centre névralgique de la GTB. Accessible via un poste de commande ou une interface web, il permet de visualiser les informations en temps réel, de programmer des scénarios (mise en veille la nuit, déclenchement à la détection de présence, etc.) et de générer des rapports de consommation énergétique.

Le logiciel permet aussi une gestion multisite, la supervision des alarmes, la planification des maintenances et l’analyse des dérives de consommation.

Comment fonctionne la GTB au quotidien ?

Une GTB fonctionne en continu selon un cycle intelligent :

  1. Collecte des données par les capteurs connectés aux systèmes techniques.
  2. Analyse automatique selon des seuils prédéfinis ou des comparaisons avec des valeurs de référence.
  3. Commande des équipements selon les besoins : baisse de la température, extinction des éclairages, déclenchement de la ventilation, etc.
  4. Suivi et archivage des données sur des périodes longues (jusqu’à 5 ans), afin d’analyser les performances dans le temps.

Suivi et analyse des données énergétiques
Chaque zone fonctionnelle du bâtiment est suivie selon un pas de temps horaire. Les données sont croisées pour détecter les anomalies (surconsommation, dysfonctionnement, dérives). Cela permet une réaction rapide pour corriger le problème ou adapter la programmation.

Régulation automatique et scénarios de commande
La GTB adapte en temps réel le fonctionnement du bâtiment : elle modifie la consigne de température, désactive certains équipements, ou déclenche des cycles de veille selon les horaires d’occupation. Ces scénarios permettent de réduire la puissance consommée, d’améliorer le confort et de limiter les coûts.

Obligations réglementaires liées à la GTB

Le décret BACS : bâtiments et échéances concernées

La mise en place d’un système de Gestion Technique du Bâtiment est aujourd’hui encadrée par la réglementation, en particulier par le décret BACS (Building Automation and Control Systems). Publié en juillet 2020 et modifié depuis, ce décret impose progressivement l’installation de systèmes GTB dans les bâtiments à usage tertiaire.

📘Qu’est-ce qu’une GTB dans le cadre du décret BACS ?

La GTB au sens du décret BACS est bien plus qu’un simple tableau de bord : elle analyse, ajuste, pilote et archive les données de consommation. Pour être conforme, elle doit assurer un suivi horaire, être interopérable et proposer une gestion autonome des systèmes techniques.

GTB obligatoire dans les bâtiments neufs

Depuis le 8 avril 2024, tout bâtiment tertiaire neuf dont le permis de construire est déposé après cette date, et équipé d’un système de chauffage, de climatisation ou de ventilation d’une puissance supérieure à 70 kW, doit être équipé d’un système de GTB conforme aux exigences du décret BACS.

GTB obligatoire dans les bâtiments existants

Le décret prévoit également une mise en conformité progressive des bâtiments existants, selon deux seuils :

  • À partir du 1er janvier 2025 : obligation pour les bâtiments avec des équipements dépassant 290 kW
  • À partir du 1er janvier 2027 : seuil abaissé à 70 kW de puissance pour les systèmes de chauffage/climatisation

Cela concerne tous les bâtiments tertiaires non résidentiels, qu’ils soient marchands ou non marchands.

Exceptions prévues par la réglementation

Une exemption peut être obtenue si le propriétaire justifie, par une étude technique, que l’installation d’un système GTB ne présente pas un retour sur investissement en moins de 10 ans. Cette disposition permet de préserver les bâtiments pour lesquels la GTB serait économiquement non viable.

Cette étude doit respecter un mode de calcul spécifique défini dans un arrêté complémentaire.

Vérifications et inspections périodiques à respecter

Une GTB ne se limite pas à son installation. Le décret impose également :

  • Des vérifications périodiques pour garantir le bon fonctionnement
  • Des consignes écrites définissant la fréquence et les points de contrôle
  • La remise d’un rapport d’inspection, dans le mois suivant la visite
  • Une première inspection obligatoire avant le 1er janvier 2025 pour les systèmes existants au 7 avril 2023

Ces contrôles portent notamment sur, l’analyse fonctionnelle, le bon paramétrage, la détection de dérives énergétiques ou encore la proposition d’améliorations techniques ou de remplacement.

Équipements et systèmes gérés par une GTB

Chauffage, ventilation, climatisation et eau chaude sanitaire

La GTB intervient en priorité sur les postes les plus énergivores des bâtiments tertiaires : chauffage, climatisation, ventilation (CVC) et production d’eau chaude sanitaire (ECS).

Elle permet notamment :

  • Le pilotage des chaudières, avec des consignes ajustables selon les plages horaires
  • La régulation des zones de chauffe et des températures pièce par pièce
  • L’optimisation des temps de fonctionnement, notamment la nuit ou en période d’inoccupation
  • La gestion de la climatisation via sondes intérieures et extérieures
  • La régulation des circuits des centrales de traitement d’air (CTA) et ventilo-convecteurs

Ces usages sont directement concernés par le décret BACS, et conditionnent l’éligibilité à la fiche BAT-TH-116 dans le cadre du dispositif CEE.

💡 Qu’est-ce que les CEE ?

Les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) sont un dispositif obligeant les fournisseurs d’énergie à financer des travaux de performance énergétique chez leurs clients. En échange, ils reçoivent des certificats proportionnels aux économies générées. Une GTB peut ainsi être financée partiellement ou intégralement via ce mécanisme.

Éclairage, sécurité et équipements électriques

La GTB permet de gérer l’éclairage intérieur et extérieur d’un bâtiment, avec des fonctions avancées telles que :

  • L’allumage automatique à la détection de présence
  • L’extinction programmée hors heures d’occupation
  • Le délestage des circuits électriques non prioritaires en cas de surcharge

Côté sécurité, la GTB peut superviser :

  • Les alarmes techniques (défaut de température, panne d’équipement, fuite d’eau)
  • L’interconnexion avec les dispositifs incendie
  • La commande des accès et l’automatisation des ouvertures

La combinaison de ces fonctions améliore la sécurité opérationnelle, tout en réduisant les consommations liées à des oublis ou dysfonctionnements.

Compteurs et mesures énergétiques

Une Gestion Technique du Bâtiment peut intégrer des compteurs d’électricité, d’eau, de gaz, de biomasse, etc. Elle centralise leurs données et permet :

  • Le relevé à distance en temps réel
  • L’identification des fuites ou surconsommations
  • L’analyse d’historiques, avec courbes de tendance
  • La génération de rapports et de statistiques pour piloter les consommations

Automatisation des systèmes de fermeture

Autre poste souvent oublié : les ouvertures. La GTB peut automatiser :

  • La fermeture des portes, fenêtres et volets pendant le fonctionnement du chauffage/climatisation
  • Le blocage des systèmes si des conditions spécifiques sont remplies (ventilation nécessaire, recommandations sanitaires…)

Cette automatisation permet de limiter les déperditions thermiques et d’éviter les erreurs humaines, souvent coûteuses en énergie.

4 avantages de la GTB pour les professionnels

Avantage n°1 : optimiser la consommation et les coûts énergétiques

L’un des principaux atouts d’un système GTB est sa capacité à réduire les consommations énergétiques de manière significative. En centralisant le pilotage des équipements techniques, la GTB permet :

  • D’éviter les consommations inutiles (chauffage ou éclairage en dehors des heures d’activité)
  • D’ajuster automatiquement les consignes selon l’occupation ou la température extérieure
  • D’exploiter les données pour affiner les programmations et identifier les économies potentielles

La GTB permet par exemple d'éviter les consommations d'électricité inutiles liées à l'éclairage en dehors des heures d'activité.

Avantage n°2 : amélioration du confort et de la performance environnementale

Une GTB bien paramétrée contribue à améliorer le confort des occupants : température stabilisée, luminosité adaptée, qualité de l’air contrôlée.

Elle permet aussi :

  • Une personnalisation par zone ou par poste de travail
  • Une réduction des écarts de température, qui améliorent la productivité et le bien-être
  • Un environnement plus sain, grâce au suivi de la qualité de l’air ou au contrôle du renouvellement d’air

Ces actions s’intègrent pleinement dans une démarche de responsabilité sociétale et de performance environnementale, essentielle pour l’image des entreprises et pour répondre aux objectifs du décret tertiaire.

Avantage n°3 : surveillance, maintenance et sécurité renforcées

La Gestion Technique du Bâtiment assure une surveillance continue des équipements techniques. En cas de dérive ou de dysfonctionnement, des alertes sont automatiquement générées. Cela permet de détecter une panne avant qu’elle n’impacte l’exploitation ou d’optimiser la maintenance préventive.

Les équipes techniques peuvent intervenir plus rapidement, avec les bonnes informations, ce qui réduit les coûts de maintenance et améliore la durée de vie des installations.

Avantage n°4 : conformité réglementaire et anticipation des évolutions

Installer une GTB, c’est aussi anticiper les obligations réglementaires actuelles et futures. En particulier :

  • Le décret BACS, qui rend la GTB obligatoire pour certains bâtiments tertiaires
  • Le décret tertiaire, qui impose des objectifs de réduction des consommations

Une GTB bien calibrée aide à justifier les économies réalisées, à suivre les progrès et à transmettre les données aux autorités compétentes. Elle devient un outil stratégique de pilotage énergétique, indispensable à toute organisation souhaitant pérenniser sa performance.

Financer une installation GTB

Le dispositif CEE

Le système des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) permet de financer tout ou partie de l’installation d’une GTB dans un bâtiment tertiaire. Ce dispositif repose sur une obligation faite aux fournisseurs d’énergie d’inciter leurs clients à réaliser des économies.

Conditions d’éligibilité techniques et réglementaires
Pour qu’une GTB soit éligible aux CEE, elle doit respecter les critères définis dans la fiche d’opération standardisée BAT-TH-116, à savoir :

  • Être installée dans un bâtiment tertiaire existant depuis plus de deux ans
  • Assurer la gestion automatique du chauffage, du refroidissement ou de la climatisation, et éventuellement d’autres usages comme l’éclairage ou l’eau chaude
  • Être interopérable, permettre un arrêt manuel, suivre et analyser les données de consommation en continu
  • Répondre aux exigences de la norme NF EN ISO 52120-1:2022
  • Être mise en place par un professionnel qualifié

Exemples concrets de montants et bonifications passées
Jusqu’au 30 juin 2024, une bonification temporaire permettait de multiplier la prime par :

  • 2 en cas d’installation neuve
  • 1,5 pour l’amélioration d’un système existant

Aujourd’hui, le montant de la prime dépend de plusieurs facteurs :

  • La classe de la GTB (A ou B)
  • Les usages pris en charge (chauffage, ventilation, etc.)
  • La zone climatique
  • La surface gérée*
  • Le secteur d’activité (bureaux, enseignement, santé…)

Démarches pour obtenir une prime CEE
Pour obtenir une aide CEE, l’entreprise doit :

  1. Solliciter un “obligé” (fournisseur d’énergie ou structure délégataire comme Hellio)
  2. Réaliser un audit technique pour définir les équipements à intégrer
  3. Déposer un dossier de demande de prime, avant tout engagement de travaux
  4. Faire réaliser les travaux par un installateur certifié
  5. Fournir les justificatifs (factures, attestations, fiche technique)

Certaines structures proposent un accompagnement complet, de l’audit à la déduction directe de la prime sur le devis, facilitant ainsi le financement du projet.

Coût moyen d’une GTB et retour sur investissement estimé

Le coût moyen d’une Gestion Technique du Bâtiment varie selon la complexité du site, le nombre d’équipements à connecter et les fonctionnalités choisies.

Cependant, la rentabilité est rapide. En tenant compte :

  • des économies d’énergie estimées à 20 à 30 %
  • des aides financières disponibles
  • de la réduction des frais de maintenance

…le retour sur investissement peut être inférieur à 5 ans, voire immédiat avec un bon niveau de financement CEE.