Les DJU (degrés jours-unifiés) sont des indicateurs climatiques qui mesurent l’écart entre la température extérieure et une température de référence, souvent 18°C. Ils permettent d’estimer les besoins thermiques d’un bâtiment.
📌7 éléments à retenir sur les DJU :
Le DJU, ou degré jour unifié, est un indicateur climatique. Il correspond à une valeur représentative servant à mesurer l’écart entre la température extérieure d’une journée et une température intérieure de référence, fixée à 18°C.
Ce seuil repose sur l’hypothèse que les apports internes (présence humaine, éclairage, appareils électroménagers) et externes (ensoleillement, isolation) d’un bâtiment compensent l’équivalent d’un degré de chauffage.
Les DJU sont sommés sur une période, généralement une saison ou une année, ce qui permet de quantifier la rigueur climatique d’un hiver ou la chaleur d’un été. Ils se déclinent en deux formes :
Cette donnée est strictement positive ou nulle : il n’existe pas de DJU négatif. En effet, les calculs ne retiennent que les écarts dans le sens d’un besoin en chauffage ou en climatisation.
Les DJU sont un outil de référence pour estimer la consommation d’énergie thermique d’un bâtiment. Leur usage est très répandu dans les bureaux d’études thermiques, les professionnels du génie climatique et les gestionnaires d’énergie.
Pour les particuliers, ils offrent une lecture simplifiée de la performance énergétique de leur logement, en lien direct avec la météo.
L’intérêt est double :
Par exemple, si vous constatez une baisse de l’électricité consommée pour vous chauffer entre deux hivers aux DJU similaires, cela indique une meilleure efficacité énergétique de votre habitat.
La méthode dite “météo” est la plus répandue pour le grand public. Elle repose sur une formule simple : DJU = température de référence − moyenne quotidienne (calculée avec les températures minimale et maximale du jour).
Exemple : si la température minimale est de 6°C et la maximale de 14°C, la moyenne est de 10°C. Le DJU sera donc de 18 − 10 = 8.
Cela signifie qu’il manque 8 degrés pour atteindre le niveau de confort thermique sans chauffage.
Cette méthode simple de somme des écarts présente plusieurs avantages :
En revanche, elle ne tient pas compte de la dynamique intra-journalière (évolution horaire de la température), ni des périodes d’intermittence (réduction du chauffage en cas d’absence), ce qui limite sa précision.
La méthode dite des “professionnels de l’énergie”, aussi appelée méthode COSTIC, est beaucoup plus fine. Elle est notamment recommandée dans les marchés publics d’exploitation de chauffage.
Cette méthode très précise introduit un calcul pondéré selon la position de la température de référence par rapport aux températures minimales et maximales de la journée. Lorsque la référence est entre ces deux valeurs, il est possible de calculer le DJU avec une formule intermédiaire intégrant un facteur de pondération thermique.
Généralement, les entreprises utilisent un logiciel dédié pour effectuer ce genre de calculs.
Elle est donc plus adaptée pour :
Les marchés publics d’exploitation de chauffage sont des contrats passés par des collectivités ou établissements publics avec des entreprises spécialisées. Ils visent à assurer l’administration, l’entretien et parfois la rénovation des installations de chauffage. Ces contrats incluent souvent une obligation de résultat en matière de performance énergétique.
Le calcul des DJU froids, aussi appelés degrés jours de réfrigération (DJF), repose sur la logique inverse : il évalue les besoins de rafraîchissement lorsque la température extérieure dépasse un certain seuil (généralement 22 ou 23°C).
Cependant, cette mesure est moins pertinente pour la climatisation que les DJU ne le sont pour le chauffage. Pourquoi ? Car les apports thermiques internes (appareils, éclairage, activités humaines) et externes (ensoleillement, orientation du bâtiment) pèsent bien plus lourd dans les besoins de rafraîchissement que la seule température extérieure.
Ainsi, les DJF restent utiles pour suivre l’évolution des vagues de chaleur ou estimer la tendance climatique estivale, mais ne suffisent pas pour dimensionner ou piloter un système de climatisation de manière précise.
Les DJU sont sommés sur une période, généralement une saison ou une année, ce qui permet de quantifier la rigueur climatique d’un hiver ou la chaleur d’un été.
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Les DJU sont disponibles pour différentes bases de température :
Les relevés peuvent être consultés par :
Pour les particuliers souhaitant suivre leurs consommations énergétiques en lien avec la météo, plusieurs solutions existent pour accéder facilement aux DJU :
InfoClimat
Ce site fournit gratuitement les DJU mensuels et journaliers calculés à partir des données climatiques locales. Il suffit de sélectionner une station (par exemple Lille-Lesquin), un mois et une année pour obtenir les valeurs.
SDES (Service des données et études statistiques)
Cette base publique propose des séries longues de degrés jours unifiés, agrégées par commune, département, région et France entière. Les valeurs sont pondérées selon la population locale, ce qui permet des comparaisons plus représentatives.
Les degrés jours unifiés varient fortement selon les zones climatiques françaises. Par exemple, en 2024 :
Le tableau des DJU entre 2008 et 2024 montre aussi des évolutions sensibles dans le temps :
Tableau comparatif des DJU pour les seuils de 15°C, 17°C et 18°C – année 2024 (données officielles SDES)
| Région | DJU 15°C (2024) | DJU 17°C (2024) | Écart DJU 15–17°C | Estimation DJU 18°C (2024)* |
| Auvergne-Rhône-Alpes | 1 471 | 1 902 | 431 | ~2 050 |
| Bourgogne-Franche-Comté | 1 582 | 2 032 | 450 | ~2 190 |
| Bretagne | 1 147 | 1 615 | 468 | ~1 750 |
| Centre-Val de Loire | 1 332 | 1 784 | 452 | ~1 920 |
| Corse | 583 | 924 | 341 | ~1 000 |
| Grand Est | 1 611 | 2 062 | 451 | ~2 220 |
| Hauts-de-France | 1 408 | 1 865 | 457 | ~2 030 |
| Île-de-France | 1 280 | 1 721 | 441 | ~1 870 |
| Normandie | 1 358 | 1 829 | 471 | ~1 970 |
| Nouvelle-Aquitaine | 1 001 | 1 414 | 413 | ~1 550 |
| Occitanie | 945 | 1 334 | 389 | ~1 470 |
| Pays de la Loire | 1 149 | 1 599 | 450 | ~1 740 |
| Provence-Alpes-Côte d’Azur | 796 | 1 158 | 362 | ~1 270 |
*Les valeurs de degrés jours unifiés 18°C sont extrapolées à partir des écarts constatés entre les seuils 15°C et 17°C. Ces chiffres donnent une estimation cohérente mais ne remplacent pas une mesure officielle.
Les degrés jours unifiées varient selon les zones géographiques françaises.
Lorsqu’on analyse les évolutions de consommation d’énergie d’un logement, il est important de neutraliser l’influence de la météo. Un hiver doux ou rigoureux peut fausser l’interprétation.
C’est pourquoi on applique une correction climatique, aussi appelée correction des variations climatiques (CVC).
L’objectif : comparer les consommations “à climat constant”. Cela a 3 intérêts :
La formule de correction est simple :
Consommation corrigée (MWh) = Consommation réelle × (DJU de référence / DJU réels)
Voici un exemple pratique pour un logement situé à Lille-Lesquin :
| Mois | Conso réelle (kWh) | DJU de chauffe référence | DJU de chauffe réelle | Conso corrigée (kWh) |
| Janvier | 9 500 | 451,5 | 418,8 | 10 242 |
| Février | 10 500 | 357,3 | 305,8 | 12 268 |
| Mars | 10 500 | 318,6 | 280,6 | 11 922 |
| Avril | 7 000 | 307,7 | 217,5 | 9 903 |
| Mai | 3 000 | 187,7 | 104,7 | 5 378 |
| Juin | 0 | 0 | 0 | 0 |
| Juillet | 0 | 0 | 0 | 0 |
| Août | 0 | 0 | 0 | 0 |
| Septembre | 1 500 | 56,6 | 93,4 | 909 |
| Octobre | 1 600 | 192,6 | 108,4 | 2 843 |
| Novembre | 6 000 | 321,7 | 265,9 | 7 259 |
| Décembre | 13 000 | 363,7 | 423,4 | 11 167 |
Sur l’ensemble de l’année, la consommation réelle était de 62 600 kWh, contre 74 000 kWh l’année précédente. À première vue, une baisse de 15 %.
Mais après correction climatique (DJU 2021 = 2 557,4 ; DJU 2022 = 2 218,5), la consommation corrigée est de 72 163 kWh, soit seulement 2 % de baisse réelle.
C’est là tout l’intérêt de la méthode : fiabiliser l’analyse et éviter les conclusions erronées.
Le suivi des DJU permet aux particuliers d’avoir une lecture contextuelle de leur consommation énergétique. En intégrant ces données dans un tableau de bord ou un simple fichier Excel, il devient possible de comparer les consommations mensuelles d’une année sur l’autre, en corrigeant les écarts climatiques. Et d’identifier des anomalies, comme une hausse de consommation non expliquée par la météo.
Ce suivi permet aussi d’agir de manière ciblée, par exemple en vérifiant l’isolation ou le paramétrage du système de chauffe. Et d’évaluer l’efficacité d’un changement d’équipement (chaudière, pompe à chaleur…).
Les degrés jours unifiés sont ainsi un indicateur complémentaire essentiel pour évaluer si une hausse de facture est due à :
Voici 6 conseils concrets pour intégrer les degrés jours unifiés dans votre quotidien :
Les degrés jours unifiés ne servent pas uniquement à suivre une consommation saisonnière : ils permettent aussi de suivre l’évolution du climat sur plusieurs années. Par exemple, l’analyse des DJU de 2008 à 2024 montre une tendance à l’adoucissement des hivers sur une grande partie du territoire français.
Certains pays comme la Belgique intègrent même un “DJU équivalent”, pondérant la température du jour, de la veille et de l’avant-veille pour mieux refléter le déphasage thermique des bâtiments.
Les DJU deviennent ainsi un outil de sensibilisation au changement climatique, en donnant une mesure tangible de son impact sur notre quotidien.
Malgré leur utilité, les degrés jours unifiés ont aussi des limites :
À l’avenir, les DJU pourraient être automatiquement intégrés dans les plateformes de gestion énergétique des bâtiments intelligents. Voire utilisés pour prédire la consommation future en lien avec les prévisions météorologiques. On pourrait même imaginer qu’ils soient mis à jour en continu grâce aux réseaux de stations connectées, y compris amateurs.