DJU : méthode de calcul et usages des degrés jours unifiés

Les DJU, ou degrés jours unifiés, sont essentiels pour évaluer votre consommation d’énergie selon le climat. Comprendre leur méthode de calcul et comment les utiliser vous permet d’optimiser chauffage, climatisation et gestion énergétique, que vous soyez en Bretagne ou en Occitanie.

Tout comprendre en 1 min

Les DJU (degrés jours-unifiés) sont des indicateurs climatiques qui mesurent l’écart entre la température extérieure et une température de référence, souvent 18°C. Ils permettent d’estimer les besoins thermiques d’un bâtiment.

📌7 éléments à retenir sur les DJU :

  1. Plus les DJU sont élevés, plus l’hiver a été rigoureux.
  2. Ils permettent de corriger les consommations d’énergie en neutralisant les effets de la température extérieure.
  3. Deux méthodes existent : la méthode météo (simple) et la méthode professionnelle COSTIC (plus précise).
  4. Les degrés jours unifiés sont disponibles à l’échelle nationale, régionale et communale.
  5. Les seuils les plus utilisés sont 15°C, 17°C et 18°C, chacun adapté à un usage spécifique.
  6. Les DJU servent aussi d’indicateur dans le suivi énergétique, les bilans thermiques ou les rénovations.
  7. Des outils gratuits comme InfoClimat ou le SDES permettent d’y accéder facilement.

Définir les DJU et leur utilité dans le suivi énergétique

Comprendre ce qu’est un degré jour unifié

Le DJU, ou degré jour unifié, est un indicateur climatique. Il correspond à une valeur représentative servant à mesurer l’écart entre la température extérieure d’une journée et une température intérieure de référence, fixée à 18°C.

Ce seuil repose sur l’hypothèse que les apports internes (présence humaine, éclairage, appareils électroménagers) et externes (ensoleillement, isolation) d’un bâtiment compensent l’équivalent d’un degré de chauffage.

Les DJU sont sommés sur une période, généralement une saison ou une année, ce qui permet de quantifier la rigueur climatique d’un hiver ou la chaleur d’un été. Ils se déclinent en deux formes :

  • DJU de chauffe (DJC) : lorsque la température extérieure est inférieure au seuil de 18°C.
  • DJU de réfrigération (DJF) : lorsque la température extérieure est supérieure au seuil.

Cette donnée est strictement positive ou nulle : il n’existe pas de DJU négatif. En effet, les calculs ne retiennent que les écarts dans le sens d’un besoin en chauffage ou en climatisation.

À quoi servent les DJU dans la gestion de l’énergie ?

Les DJU sont un outil de référence pour estimer la consommation d’énergie thermique d’un bâtiment. Leur usage est très répandu dans les bureaux d’études thermiques, les professionnels du génie climatique et les gestionnaires d’énergie.

Pour les particuliers, ils offrent une lecture simplifiée de la performance énergétique de leur logement, en lien direct avec la météo.

L’intérêt est double :

  • Évaluer les besoins énergétiques selon la saison et la zone géographique ;
  • Suivre l’évolution des consommations d’une année à l’autre, indépendamment des variations climatiques.

Par exemple, si vous constatez une baisse de l’électricité consommée pour vous chauffer entre deux hivers aux DJU similaires, cela indique une meilleure efficacité énergétique de votre habitat.

2 méthodes de calcul des DJU

Méthode “météo” : estimation simple à partir des températures extrêmes

La méthode dite “météo” est la plus répandue pour le grand public. Elle repose sur une formule simple : DJU = température de référence − moyenne quotidienne (calculée avec les températures minimale et maximale du jour).

Exemple : si la température minimale est de 6°C et la maximale de 14°C, la moyenne est de 10°C. Le DJU sera donc de 18 − 10 = 8.

Cela signifie qu’il manque 8 degrés pour atteindre le niveau de confort thermique sans chauffage.

Cette méthode simple de somme des écarts présente plusieurs avantages :

  • Facilement accessible via les stations météo locales ou des sites spécialisés comme InfoClimat ;
  • Suffisante pour une estimation rapide et grand public des besoins en énergie de chauffage ou de climatisation ;
  • Utilisable pour ajuster le suivi énergétique domestique.

En revanche, elle ne tient pas compte de la dynamique intra-journalière (évolution horaire de la température), ni des périodes d’intermittence (réduction du chauffage en cas d’absence), ce qui limite sa précision.

Méthode “professionnelle” COSTIC : précision et conformité réglementaire

La méthode dite des “professionnels de l’énergie”, aussi appelée méthode COSTIC, est beaucoup plus fine. Elle est notamment recommandée dans les marchés publics d’exploitation de chauffage.

Cette méthode très précise introduit un calcul pondéré selon la position de la température de référence par rapport aux températures minimales et maximales de la journée. Lorsque la référence est entre ces deux valeurs, il est possible de calculer le DJU avec une formule intermédiaire intégrant un facteur de pondération thermique.

Généralement, les entreprises utilisent un logiciel dédié pour effectuer ce genre de calculs.

Elle est donc plus adaptée pour :

  • Suivre des bâtiments en chauffage permanent ou avec intermittence ;
  • Répondre à des exigences contractuelles d’obligation de résultat ;
  • Fournir une mesure cohérente avec les évolutions réelles de la température.

♨️Que sont les marchés publics d’exploitation de chauffage ?

Les marchés publics d’exploitation de chauffage sont des contrats passés par des collectivités ou établissements publics avec des entreprises spécialisées. Ils visent à assurer l’administration, l’entretien et parfois la rénovation des installations de chauffage. Ces contrats incluent souvent une obligation de résultat en matière de performance énergétique.

Une limite à connaître : les DJU de réfrigération

Le calcul des DJU froids, aussi appelés degrés jours de réfrigération (DJF), repose sur la logique inverse : il évalue les besoins de rafraîchissement lorsque la température extérieure dépasse un certain seuil (généralement 22 ou 23°C).

Cependant, cette mesure est moins pertinente pour la climatisation que les DJU ne le sont pour le chauffage. Pourquoi ? Car les apports thermiques internes (appareils, éclairage, activités humaines) et externes (ensoleillement, orientation du bâtiment) pèsent bien plus lourd dans les besoins de rafraîchissement que la seule température extérieure.

Ainsi, les DJF restent utiles pour suivre l’évolution des vagues de chaleur ou estimer la tendance climatique estivale, mais ne suffisent pas pour dimensionner ou piloter un système de climatisation de manière précise.

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Les DJU sont sommés sur une période, généralement une saison ou une année, ce qui permet de quantifier la rigueur climatique d’un hiver ou la chaleur d’un été. Icon svg

Comment calculer et suivre les DJU chez soi ?

Les DJU sont disponibles pour différentes bases de température :

  • 15°C : pour les bâtiments à forte inertie ou très bien isolés ;
  • 17°C : souvent utilisé dans les études énergétiques en résidentiel ;
  • 18°C : valeur de référence dans les contrats et la réglementation.

Les relevés peuvent être consultés par :

  • Mois, pour une lecture saisonnière ;
  • Année, pour suivre les tendances ;
  • Période de chauffe (1er octobre au 20 mai).

Outils et données accessibles au grand public

Pour les particuliers souhaitant suivre leurs consommations énergétiques en lien avec la météo, plusieurs solutions existent pour accéder facilement aux DJU :

InfoClimat
Ce site fournit gratuitement les DJU mensuels et journaliers calculés à partir des données climatiques locales. Il suffit de sélectionner une station (par exemple Lille-Lesquin), un mois et une année pour obtenir les valeurs.

SDES (Service des données et études statistiques)
Cette base publique propose des séries longues de degrés jours unifiés, agrégées par commune, département, région et France entière. Les valeurs sont pondérées selon la population locale, ce qui permet des comparaisons plus représentatives.

Exemples de DJU en France pour avoir quelques repères

Les degrés jours unifiés varient fortement selon les zones climatiques françaises. Par exemple, en 2024 :

  • En Corse, les DJU de chauffe à 17°C sont de 924, les plus faibles du pays ;
  • En Lorraine (Grand Est), ils s’élèvent à 2 062, soit plus du double.

Le tableau des DJU entre 2008 et 2024 montre aussi des évolutions sensibles dans le temps :

  • Les hivers de 2010 et 2013 ont été particulièrement rigoureux, avec des DJU très élevés ;
  • Les années récentes, comme 2020 ou 2022, affichent des valeurs plus basses, reflétant un adoucissement climatique.

Tableau comparatif des DJU pour les seuils de 15°C, 17°C et 18°C – année 2024 (données officielles SDES)

Région DJU 15°C (2024) DJU 17°C (2024) Écart DJU 15–17°C Estimation DJU 18°C (2024)*
Auvergne-Rhône-Alpes 1 471 1 902 431 ~2 050
Bourgogne-Franche-Comté 1 582 2 032 450 ~2 190
Bretagne 1 147 1 615 468 ~1 750
Centre-Val de Loire 1 332 1 784 452 ~1 920
Corse 583 924 341 ~1 000
Grand Est 1 611 2 062 451 ~2 220
Hauts-de-France 1 408 1 865 457 ~2 030
Île-de-France 1 280 1 721 441 ~1 870
Normandie 1 358 1 829 471 ~1 970
Nouvelle-Aquitaine 1 001 1 414 413 ~1 550
Occitanie 945 1 334 389 ~1 470
Pays de la Loire 1 149 1 599 450 ~1 740
Provence-Alpes-Côte d’Azur 796 1 158 362 ~1 270

*Les valeurs de degrés jours unifiés 18°C sont extrapolées à partir des écarts constatés entre les seuils 15°C et 17°C. Ces chiffres donnent une estimation cohérente mais ne remplacent pas une mesure officielle.

Les degrés jours unifiées varient selon les zones géographiques françaises.

Corriger les consommations selon les DJU pour mieux comparer

Pourquoi appliquer une correction climatique ?

Lorsqu’on analyse les évolutions de consommation d’énergie d’un logement, il est important de neutraliser l’influence de la météo. Un hiver doux ou rigoureux peut fausser l’interprétation.

C’est pourquoi on applique une correction climatique, aussi appelée correction des variations climatiques (CVC).

L’objectif : comparer les consommations “à climat constant”. Cela a 3 intérêts :

  1. Savoir si une baisse de consommation est due à une réelle amélioration énergétique ou simplement à un hiver plus clément ;
  2. Suivre objectivement les résultats d’une rénovation ou d’un changement de système de chauffage ;
  3. Fournir un argument solide en cas de contractualisation énergétique (par exemple dans les marchés à obligation de résultats).

Formule de correction climatique et exemple d’application

La formule de correction est simple :

Consommation corrigée (MWh) = Consommation réelle × (DJU de référence / DJU réels)

Voici un exemple pratique pour un logement situé à Lille-Lesquin :

Mois Conso réelle (kWh) DJU de chauffe référence DJU de chauffe réelle Conso corrigée (kWh)
Janvier 9 500 451,5 418,8 10 242
Février 10 500 357,3 305,8 12 268
Mars 10 500 318,6 280,6 11 922
Avril 7 000 307,7 217,5 9 903
Mai 3 000 187,7 104,7 5 378
Juin 0 0 0 0
Juillet 0 0 0 0
Août 0 0 0 0
Septembre 1 500 56,6 93,4 909
Octobre 1 600 192,6 108,4 2 843
Novembre 6 000 321,7 265,9 7 259
Décembre 13 000 363,7 423,4 11 167

Sur l’ensemble de l’année, la consommation réelle était de 62 600 kWh, contre 74 000 kWh l’année précédente. À première vue, une baisse de 15 %.
Mais après correction climatique (DJU 2021 = 2 557,4 ; DJU 2022 = 2 218,5), la consommation corrigée est de 72 163 kWh, soit seulement 2 % de baisse réelle.
C’est là tout l’intérêt de la méthode : fiabiliser l’analyse et éviter les conclusions erronées.

Exploiter les DJU pour optimiser ses dépenses d’énergie

Suivi énergétique basé sur les DJU : un outil de mesure et d’aide à la décision

Le suivi des DJU permet aux particuliers d’avoir une lecture contextuelle de leur consommation énergétique. En intégrant ces données dans un tableau de bord ou un simple fichier Excel, il devient possible de comparer les consommations mensuelles d’une année sur l’autre, en corrigeant les écarts climatiques. Et d’identifier des anomalies, comme une hausse de consommation non expliquée par la météo.

Ce suivi permet aussi d’agir de manière ciblée, par exemple en vérifiant l’isolation ou le paramétrage du système de chauffe. Et d’évaluer l’efficacité d’un changement d’équipement (chaudière, pompe à chaleur…).

Les degrés jours unifiés sont ainsi un indicateur complémentaire essentiel pour évaluer si une hausse de facture est due à :

  • Une dégradation de performance de l’équipement ;
  • un dérèglement du thermostat ;
  • ou simplement à un hiver plus froid.

Bonnes pratiques pour les particuliers

Voici 6 conseils concrets pour intégrer les degrés jours unifiés dans votre quotidien :

  1. Notez vos consommations mensuelles (en kWh) ainsi que les DJU correspondants à votre région.
  2. Utilisez la formule de correction climatique pour comparer objectivement d’une année à l’autre.
  3. Exploitez les plateformes comme InfoClimat ou SDES pour obtenir les DJU les plus proches de chez vous.
  4. Installer une sonde de température extérieure connectée ;
  5. Suivre automatiquement vos degrés jours unifiés avec des outils de gestion énergétique domestiques (applications domotiques, objets connectés) ;
  6. Intégrer les DJU dans un projet de rénovation ou pour évaluer le retour sur investissement d’un nouveau système de chauffage (PAC, chaudière à condensation, etc.).

Vers une meilleure compréhension du climat et de ses effets

Le DJU comme indicateur climatique à long terme

Les degrés jours unifiés ne servent pas uniquement à suivre une consommation saisonnière : ils permettent aussi de suivre l’évolution du climat sur plusieurs années. Par exemple, l’analyse des DJU de 2008 à 2024 montre une tendance à l’adoucissement des hivers sur une grande partie du territoire français.

Certains pays comme la Belgique intègrent même un “DJU équivalent”, pondérant la température du jour, de la veille et de l’avant-veille pour mieux refléter le déphasage thermique des bâtiments.

Les DJU deviennent ainsi un outil de sensibilisation au changement climatique, en donnant une mesure tangible de son impact sur notre quotidien.

Limites actuelles et perspectives d’amélioration

Malgré leur utilité, les degrés jours unifiés ont aussi des limites :

  • Ils sont moins pertinents pour la climatisation, car la température extérieure ne résume pas à elle seule les apports de chaleur ;
  • Le DJU de réfrigération n’est pas encore normalisé ;
  • Les méthodes de calcul évoluent, avec de nouvelles pondérations par commune, population ou fréquence de mesure.

À l’avenir, les DJU pourraient être automatiquement intégrés dans les plateformes de gestion énergétique des bâtiments intelligents. Voire utilisés pour prédire la consommation future en lien avec les prévisions météorologiques. On pourrait même imaginer qu’ils soient mis à jour en continu grâce aux réseaux de stations connectées, y compris amateurs.