GIEC : rapport, experts, impacts… le guide pour tout comprendre

Le GIEC, groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, alerte sur les impacts du changement climatique. Rapports, auteurs, synthèses : ce guide vous aide à comprendre sa mission, son fonctionnement et les enjeux cruciaux de ses évaluations pour le climat mondial.

Tout comprendre en 1 min

Créé en 1988 par les Nations unies, le GIEC évalue l’état des connaissances sur le climat et ses évolutions. Il publie des rapports d’évaluation sur les causes humaines du réchauffement, les impacts attendus et les réponses possibles à l’échelle mondiale.

Il est composé de trois groupes de travail scientifiques et d’une équipe spéciale dédiée aux inventaires d’émissions de gaz à effet de serre. Chaque rapport suit un processus rigoureux de sélection, rédaction, relecture et validation internationale.

📌 4 éléments à retenir :

  1. Objectif : fournir aux gouvernements des synthèses fiables et transparentes.
  2. Le dernier rapport du GIEC (AR6) sert de base aux politiques climatiques mondiales.
  3. Des rapports ciblés sur l’océan, les terres ou la sécurité alimentaire éclairent les enjeux actuels.
  4. Le GIEC alerte : +1,5 °C pourrait être atteint dès 2030 si rien ne change.

Le GIEC : définition, origine et mission

Qu’est-ce que le GIEC ?

Une organisation intergouvernementale
Le GIEC, ou Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, est un organisme intergouvernemental fondé en 1988 par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Il rassemble aujourd’hui 195 pays, dont la France, engagés dans une coopération sur le climat à l’échelle mondiale.

Sa mission est d’évaluer l’état des connaissances sur l’évolution du climat et les impacts de l’activité humaine, sans produire ses propres recherches. Il agit comme une plateforme de référence, structurant l’information issue de milliers d’études publiées dans la littérature scientifique internationale.

Le GIEC fait autorité dans le domaine du changement climatique, avec des publications reconnues comme les plus complètes sur les phénomènes climatiques extrêmes, l’augmentation des températures, ou encore les conséquences du réchauffement planétaire.

Objectifs : évaluer et structurer l’état des connaissances climatiques
La mission d’examiner et d’évaluer les travaux liés au réchauffement climatique repose sur 3 grands volets :

  1. documenter les causes du changement, notamment les gaz à effet de serre ;
  2. identifier les conséquences environnementales et sociétales ;
  3. présenter les options d’adaptation et de limitation de la hausse des températures.

Le GIEC agit selon le principe « policy relevant, but not policy prescriptive », ce qui signifie qu’il fournit des données climatiques utiles aux politiques publiques, sans recommander de mesures spécifiques.

Ses rapports sont à la base de décisions majeures comme l’Accord de Paris, et servent de références internationales pour les actions de réduction des émissions de gaz et la transition écologique.

Une mission au service des gouvernements

Des rapports utiles mais non prescriptifs
Les rapports du GIEC sont rédigés par des groupes de travail, puis validés par les gouvernements réunis en session plénière. Chaque publication du GIEC comprend :

  • un rapport complet de plusieurs milliers de pages ;
  • un résumé technique destiné aux spécialistes ;
  • un document de synthèse pour les décideurs publics.

Leur rôle est de rendre compréhensibles les données climatiques complexes, de structurer les risques climatiques, et de donner des bases solides aux stratégies nationales et internationales.

Cette information est d’autant plus précieuse que le réchauffement planétaire se poursuit à un rythme rapide.

Une base scientifique pour l’action climatique
La crédibilité du GIEC repose sur :

  • des rapports d’évaluation rigoureux, comme le sixième rapport d’évaluation (AR6) ;
  • une méthodologie transparente d’analyse et de relecture internationale ;
  • une implication massive d’experts internationaux.

Le GIEC ne prescrit pas : il alerte, informe, éclaire. Il met en lumière la hausse des émissions de gaz à effet de serre, les risques pour la planète, la vulnérabilité des sociétés, et les marges d’action disponibles pour limiter le réchauffement à +1,5 °C, comme fixé par les Nations unies.

Fonctionnement et structure du GIEC

Gouvernance et organisation

Assemblée plénière et bureau exécutif
Le GIEC est structuré comme une organisation intergouvernementale où chaque nation membre possède une voix. Les grandes orientations sont décidées lors des réunions plénières, organisées une à deux fois par an. C’est dans ce cadre que sont adoptés les rapports, définis les procédures, et élus les représentants du bureau du GIEC.

Le bureau est composé de 34 membres :

  • un président, actuellement Jim Skea (élu en 2023),
  • trois vice-présidents issus de différentes régions du monde,
  • les coprésidents des trois groupes de travail,
  • les représentants de l’équipe spéciale sur les inventaires nationaux de gaz à effet de serre.

Cette gouvernance garantit une représentativité mondiale et une diversité d’approches disciplinaires, indispensable dans l’étude du climat à l’échelle planétaire.

👤Qui est Jim Skea ?

Jim Skea est un expert britannique en énergie et climat, élu président du GIEC en 2023. Professeur à l’Imperial College London, il est reconnu pour ses travaux sur la transition énergétique et les politiques climatiques. Avant sa présidence, il a codirigé le groupe III du GIEC sur l’atténuation du changement climatique.

Le rôle des États membres et des points focaux nationaux
Les États membres jouent un rôle actif dans les travaux du GIEC. Chacun désigne un point focal national, relais entre le groupe et son administration. En France, cette mission est confiée au Commissariat général au développement durable.

Les pays contribuent à :

  • la nomination des auteurs des rapports,
  • l’examen des versions provisoires,
  • la validation ligne par ligne des documents destinés aux décideurs.

Cette implication assure un engagement collectif et une légitimité politique aux rapports d’évaluation, tout en respectant l’autonomie scientifique des auteurs.

Les groupes de travail et l’équipe spéciale

Groupe I : bases scientifiques du changement climatique
Le groupe de travail I se concentre sur les aspects physiques du système climatique. Il examine :

  • l’augmentation des températures mondiales ;
  • les niveaux de concentration du dioxyde de carbone ;
  • les phénomènes extrêmes observés.

Il produit les données de base utilisées par les autres groupes, notamment sur l’évolution du climat à court, moyen et long terme.

Groupe II : impacts, vulnérabilité et adaptation
Ce groupe traite des impacts du changement climatique sur les sociétés et les écosystèmes terrestres et marins. Il identifie les zones les plus vulnérables, les conséquences environnementales et les possibilités d’adaptation au changement climatique.

C’est lui qui évalue les risques alimentaires, les dégradations environnementales ou encore la sécurité des populations face aux phénomènes extrêmes.

Groupe III : atténuation du changement climatique
Le groupe de travail III s’intéresse aux stratégies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il explore :

  • les mesures d’adaptation au changement climatique,
  • les méthodes de réduction des émissions,
  • les modèles de développement durable et de transition écologique.

Ce groupe est au cœur des politiques climatiques nationales.

Équipe spéciale : inventaires nationaux de gaz à effet de serre
L’équipe spéciale SRCCL (Task Force on National Greenhouse Gas Inventories) développe des référentiels techniques pour que chaque pays mesure ses émissions de gaz de façon cohérente.

Ses travaux sont essentiels pour les engagements climatiques nationaux, et directement liés aux objectifs de l’Accord de Paris.

Le secrétariat et le financement du GIEC

Rôle du secrétariat basé à Genève
Le secrétariat du GIEC est hébergé par l’OMM à Genève. Il est composé d’une dizaine de permanents, chargés de :

  • la coordination logistique des sessions plénières,
  • la gestion des rapports, traductions et publications,
  • le soutien administratif aux groupes de travail.

Contributions financières des États membres, dont la France
Le budget du GIEC avoisine les 6 millions d’euros par an. Les États membres apportent des contributions volontaires. La France s’est distinguée par son soutien, versant 1 million d’euros par an jusqu’en 2022, puis 600 000 euros en 2023.

Elle finance également une unité de soutien technique à Paris-Saclay, liée au groupe de travail I.

Qui sont les experts du GIEC ?

Une communauté scientifique internationale

Auteurs principaux, coordinateurs, contributeurs, réviseurs
Les rapports du GIEC sont rédigés par une équipe internationale de chercheurs. Ces experts, issus de nombreux pays et disciplines, sont désignés pour assurer une représentation équilibrée des régions du monde, des domaines d’expertise et des genres.

Les contributeurs sont répartis selon plusieurs rôles :

  • les auteurs coordinateurs principaux supervisent la rédaction des grandes sections ;
  • les auteurs principaux rédigent le contenu du rapport selon leur domaine ;
  • les auteurs collaborateurs apportent un soutien ponctuel sur un sujet ciblé ;
  • les éditeurs-réviseurs assurent la cohérence scientifique et la prise en compte des commentaires.

Dans le cadre du sixième rapport d’évaluation, on dénombrait :

  • 270 auteurs issus de 67 pays, dont de nombreux pays en développement ;
  • 49 membres de l’équipe principale de rédaction ;
  • une présence active de chercheurs de France, d’organisations nationales et de laboratoires internationaux.

Disciplines représentées : climatologie, océanographie, glaciologie…
Les groupes de travail du GIEC mobilisent un large éventail de disciplines scientifiques et techniques. Cette pluridisciplinarité est essentielle pour aborder les différentes facettes du réchauffement planétaire et de ses conséquences.

Parmi les profils représentés :

  • climatologues et modélisateurs ;
  • glaciologues et océanographes (cryosphère, flux océaniques, niveau de la mer) ;
  • biogéochimistes et hydrologues ;
  • économistes, sociologues et spécialistes de l’alimentation ;
  • experts en sécurité environnementale, utilisation des sols, énergie, ou encore émissions de gaz à effet de serre.

Cette diversité d’approches permet d’aborder l’état des connaissances sur l’évolution du climat dans toutes ses dimensions : environnementale, sociale, sanitaire et économique.

Sélection, diversité et expertise

Critères de sélection
Les États membres et les organisations partenaires du GIEC proposent des candidats à chaque nouveau cycle. Les groupes de travail sélectionnent les auteurs sur la base :

  • de leur expérience scientifique (publications, projets, domaines couverts),
  • de leur connaissance technique des enjeux climatiques,
  • de leur capacité à travailler en équipe et en plusieurs langues.

Le processus cherche à garantir la qualité des travaux, tout en intégrant des points de vue représentatifs de différents contextes nationaux et géographiques.

Parité, équilibre géographique et représentativité
Le GIEC a renforcé son engagement en faveur de :

  • la parité femmes-hommes dans la sélection des auteurs,
  • la participation des pays en développement,
  • une représentation équilibrée des disciplines et régions.

Dans le rapport de synthèse AR6, par exemple :

  • les femmes représentaient 41 % du groupe de travail II,
  • les auteurs issus de pays développés et de pays en développement étaient presque à parité,
  • des contributions venaient de laboratoires français, de l’OMM, du CNRS, ou encore de l’Université de Genève.

Cet effort permet au GIEC de produire une information climatique universellement légitime, utilisée aussi bien dans les négociations internationales que dans les politiques nationales.

Comment le GIEC élabore ses rapports ?

Le processus de rédaction d’un rapport

De la nomination des auteurs à l’approbation finale
Chaque rapport du GIEC suit une procédure stricte et transparente, encadrée par des règles méthodologiques précises. Ce processus commence avec l’adoption du sommaire lors d’une réunion plénière. Les gouvernements et les organisations internationales proposent ensuite des experts candidats à l’élaboration du rapport.

Les groupes de travail sélectionnent les auteurs principaux, les coordinateurs, les collaborateurs et les éditeurs-réviseurs. Ces derniers sont choisis pour leur expertise dans des domaines clés : climat, émissions de gaz, impact de l’activité humaine, vulnérabilité, stratégie d’atténuation…

Le rapport est élaboré en plusieurs versions :

  • une première ébauche est soumise à un examen expert (8 semaines) ;
  • une deuxième version est relue par les experts et les gouvernements ;
  • une version finale est validée par une approbation ligne par ligne du résumé pour les décideurs lors d’une session plénière.

Ce processus exige une révision approfondie, souvent répartie sur 2 à 3 ans. Par exemple, pour le sixième rapport d’évaluation (AR6), le GIEC a reçu plus de 13 000 commentaires, provenant de gouvernements, chercheurs, ONG, agences de l’ONU.

La diversité de ces retours garantit un rapport complet, équilibré et robuste.

Les différents types de rapports

Rapports d’évaluation (Assessment Reports)
Les rapports d’évaluation sont les documents majeurs du GIEC. Publiés tous les 6 à 7 ans, ils synthétisent l’évaluation scientifique du changement climatique sur une période donnée.

Ils sont composés :

  • de trois volumes rédigés par les groupes de travail ;
  • d’un rapport de synthèse (SPM) ;
  • et d’un résumé technique.

Le sixième rapport d’évaluation, ou AR6, est aujourd’hui la référence mondiale en matière de climat.

Rapports spéciaux (Special Reports)
Les rapports spéciaux du GIEC sont publiés entre deux cycles d’évaluation pour répondre à des enjeux précis. Exemples récents :

  • Réchauffement à 1,5 °C (2018),
  • Terres émergées et sécurité alimentaire (2019),
  • Océan et cryosphère (2019).

Ces rapports spéciaux permettent d’approfondir des thématiques urgentes comme la hausse des émissions de gaz, la dégradation des sols ou les phénomènes climatiques extrêmes.

Rapports méthodologiques et documents techniques
Le GIEC publie également :

  1. Des rapports méthodologiques pour guider les inventaires nationaux de gaz à effet de serre,
  2. Des documents techniques sur des sujets transversaux : budget carbone, flux terrestres, transition énergétique, etc.

Ces productions sont essentielles pour garantir la comparabilité des données nationales dans le cadre de la CCNUCC et de l’Accord de Paris.

 

📃Qu’est-ce que la CCNUCC ?

La CCNUCC, ou Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, est un traité international adopté en 1992 pour coordonner la lutte mondiale contre le réchauffement climatique. Elle encadre les négociations climatiques, comme les COP, et repose sur les données scientifiques du GIEC pour orienter les décisions des États.

Méthodologie et terminologie

Niveaux de confiance et langage normalisé
Chaque information présentée dans un rapport s’appuie sur un niveau de confiance explicite, déterminé selon la qualité des données et le consensus scientifique :

“Un niveau de confiance très élevé” s’appuie sur des preuves nombreuses et cohérentes alors qu’un niveau de confiance moyen est signe de résultats probables, mais incertains.

Des expressions comme “probable”, “très probable”, “improbable” sont utilisées selon une grille probabiliste définie dans les annexes méthodologiques.

Politique de neutralité : pertinent mais non prescriptif
Le GIEC insiste sur sa neutralité : il ne propose pas de solutions politiques, mais des informations utiles pour que les gouvernements puissent prendre des décisions éclairées.

Chaque rapport publié s’aligne sur le principe évoqué précédemment : « Policy relevant, but not policy prescriptive ».

Cette démarche permet au GIEC de rester un acteur de confiance, aussi bien pour les États industrialisés que pour les pays en développement.

Les publications du GIEC

Les six rapports d’évaluation (AR1 à AR6)

Dates, volumes et portée
Depuis 1990, le GIEC a publié six rapports d’évaluation (Assessment Reports), véritables piliers de la connaissance climatique mondiale. Chacun de ces rapports dresse un bilan climatique actualisé, structuré en trois volumes produits par les groupes de travail.

Voici un aperçu chronologique :

  • AR1 (1990) : premier rapport du GIEC, base de la CCNUCC ;
  • AR2 (1995) : confirmation du lien entre activité humaine et réchauffement ;
  • AR3 (2001) : consolidation de la confiance très élevée dans les causes anthropiques ;
  • AR4 (2007) : prix Nobel de la Paix pour le GIEC et Al Gore ;
  • AR5 (2014) : intégration des notions de scénario et budget carbone ;
  • AR6 (2021–2023) : rapport le plus complet à ce jour, structuré en plusieurs volets.

Pour rappel, chaque rapport comporte :

  • un rapport complet par groupe de travail,
  • un résumé technique,
  • un rapport de synthèse à destination des gouvernements.

Ces documents, traduits en plusieurs langues, servent de base mondiale pour la prise de décision et sont utilisés lors des sessions de négociation climatique, comme les COP.

Focus sur le sixième rapport d’évaluation (AR6)
Le sixième rapport d’évaluation représente un tournant dans l’histoire du climat.

L’AR6 alerte sur une élévation de la température moyenne mondiale de +1,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Le GIEC y confirme également que la fenêtre pour limiter le réchauffement à +1,5 °C est encore ouverte, mais se réduit rapidement, surtout sans réduction de la demande énergétique.

Les rapports spéciaux récents

Réchauffement à 1,5 °C (2018)
Ce rapport spécial du GIEC a marqué les esprits : il démontre que chaque demi-degré de réchauffement compte.

Entre +1,5 °C et +2 °C, les risques climatiques sont beaucoup plus élevés. La biodiversité, les récoltes et les zones côtières sont davantage exposées.

Il propose des mesures d’adaptation au changement climatique ambitieuses et appelle à une réduction rapide des émissions de gaz.

Terres émergées et sécurité alimentaire (2019)
Ce rapport du groupe d’experts montre les effets du changement climatique sur :

  • la dégradation des terres,
  • la production agricole mondiale,
  • la sécurité alimentaire dans les régions vulnérables.

Il souligne la nécessité d’une stratégie d’utilisation durable des sols, en lien avec les évolutions climatiques.

Océan et cryosphère (2019)
Le rapport spécial sur l’océan et la cryosphère analyse :

  • l’effet du réchauffement sur les calottes glaciaires et le pergélisol,
  • l’élévation du niveau de la mer,
  • l’acidification des océans.

Il met en évidence les impacts majeurs sur les écosystèmes côtiers, les territoires insulaires, et l’équilibre climatique global.

🔎Qu’est-ce que le pergélisol ?

Le pergélisol désigne un sol gelé en permanence pendant au moins deux années consécutives. On le trouve principalement dans les régions arctiques, en Sibérie, au Canada, en Alaska et dans certaines zones de haute montagne.

Ce sol contient non seulement de la glace, mais aussi de grandes quantités de matière organique figée. Lorsqu’il dégèle à cause du réchauffement climatique, il libère du méthane et du dioxyde de carbone : deux gaz à effet de serre très puissants.

Le dégel du pergélisol est donc à la fois une conséquence et un amplificateur du changement climatique, car il pourrait entraîner une augmentation rapide des émissions et perturber gravement les équilibres écologiques de la planète.

Atténuation, adaptation et rapport de synthèse (2022–2023)
Les derniers livrables du sixième cycle confirment que :

  • la transition écologique est techniquement possible,
  • les technologies bas carbone sont disponibles,
  • il faut agir sans attendre pour éviter une dégradation irréversible du système Terre.

Le rapport de synthèse 2023 résume ces conclusions et alerte sur un état des lieux très alarmant, qui exige des politiques volontaristes et des engagements crédibles à l’échelle mondiale.

Le rôle du GIEC dans les négociations climatiques

Une source essentielle pour les accords internationaux

De Rio (1992) à l’Accord de Paris (2015)
Depuis ses débuts, le GIEC joue un rôle déterminant dans les négociations climatiques mondiales. Ses rapports d’évaluation servent de base scientifique commune pour les États, dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Voici quelques jalons majeurs :

  • 1992 : le premier rapport du GIEC contribue à la création de la CCNUCC, adoptée lors du Sommet de la Terre de Rio.
  • 1997 : le troisième rapport du GIEC alimente les discussions ayant mené au Protocole de Kyoto, premier texte contraignant sur les émissions de gaz à effet de serre.
  • 2015 : les données du cinquième rapport guident l’adoption de l’Accord de Paris, visant à limiter le réchauffement à moins de 2 °C, voire 1,5 °C.

Les décideurs politiques s’appuient sur ces évaluations pour fixer des objectifs nationaux et pour justifier des stratégies climatiques ambitieuses.

Le rôle d’observateur dans les COP
Le GIEC ne participe pas directement aux négociations, mais il détient un statut d’observateur reconnu. Ses équipes présentent :

  • les dernières évaluations des risques climatiques,
  • les projections sur la température mondiale moyenne,
  • les scénarios liés à l’utilisation des énergies fossiles ou aux stratégies bas carbone.

Lors de chaque Conférence des Parties (COP), des événements parallèles sont organisés pour diffuser les résumés techniques, et expliquer les implications des derniers rapports, notamment le rapport de synthèse 2023, au cœur du premier Bilan mondial prévu par l’Accord de Paris.

Influence politique et diplomatique

Lien avec la CCNUCC
Le lien entre le GIEC et la CCNUCC est aujourd’hui stratégique. Les données produites par les groupes de travail du GIEC sont directement utilisées pour :

  • calibrer les engagements climatiques des États (NDC) ;
  • évaluer la progression des émissions mondiales ;
  • concevoir des programmes d’adaptation et d’atténuation du changement climatique.

Les gouvernements ont ainsi accès à un référentiel climatique unifié, évitant les divergences d’interprétation lors des discussions.

Utilité des rapports dans l’évaluation des engagements climatiques
Les rapports du GIEC servent également à :

  • identifier les écarts entre les politiques actuelles et les objectifs climatiques ;
  • anticiper les scénarios d’évolution les plus probables ;
  • mesurer l’efficacité des politiques climatiques existantes.

C’est notamment le cas avec le Global Stocktake (bilan mondial), dont le premier cycle a été alimenté par les publications du GIEC, comme le AR6 WGIII SPM ou le rapport complet AR6.

Sans ces rapports d’évaluation, les négociations internationales manqueraient d’indicateurs communs, de scénarios cohérents, et de crédibilité scientifique.

L'augmentation de la température moyenne mondiale se traduit par une multiplication des phénomènes climatiques extrêmes.

Les conclusions du GIEC sur le changement climatique

Constat sur l’état actuel du climat

Réchauffement de +1,1 °C depuis l’ère préindustrielle
Le GIEC établit un constat sans équivoque : la température moyenne mondiale a déjà augmenté de +1,1 °C par rapport à la période 1850–1900. Cette élévation de température résulte essentiellement de l’activité humaine, notamment à travers la hausse des émissions de gaz à effet de serre.

Cette tendance se traduit par une multiplication des phénomènes climatiques extrêmes :

  • vagues de chaleur intenses et prolongées ;
  • sécheresses aggravées ;
  • pluies torrentielles ;
  • incendies incontrôlables.

Le rapport de synthèse 2023 insiste sur l’accélération du changement climatique au cours de la dernière décennie, confirmant un état des lieux très alarmant.

Événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents
Les données compilées dans les publications du GIEC démontrent que les catastrophes climatiques deviennent plus fréquentes, plus étendues et plus destructrices, avec des conséquences directes sur la santé, l’alimentation, les migrations et les infrastructures.

Les populations des pays en développement sont particulièrement exposées, avec une vulnérabilité accrue face à des événements météorologiques extrêmes, souvent aggravés par des inégalités structurelles.

Conséquences globales et régionales

Élévation du niveau de la mer, perte de biodiversité
La fonte des glaces polaires et des glaciers de montagne, couplée à l’expansion thermique des océans, provoque une élévation du niveau de la mer estimée entre 29 et 110 cm d’ici 2100, selon les scénarios d’émissions.

Les conséquences sont multiples :

  • disparition de zones côtières,
  • submersion d’îles entières,
  • salinisation des terres agricoles,
  • déplacements massifs de population.

Le GIEC alerte également sur l’effondrement de la biodiversité. De nombreux écosystèmes terrestres et marins sont en train d’atteindre ou de franchir des seuils irréversibles de dégradation, notamment dans les zones arctiques, les récifs coralliens et les forêts tropicales.

Impact sur la sécurité alimentaire, la santé et les migrations
Parmi les conséquences du réchauffement planétaire, on retrouve :

  • une baisse de la production agricole dans de nombreuses régions ;
  • une augmentation des risques sanitaires liés à la chaleur et aux maladies vectorielles ;
  • une pression croissante sur les ressources en eau douce ;
  • l’intensification des flux migratoires climatiques, particulièrement dans les régions d’Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud-Est.

Ces impacts affectent profondément la sécurité alimentaire mondiale, augmentent les risques de conflits sociaux, et menacent la stabilité des sociétés humaines.

Scénarios et urgences

Épuisement du budget carbone
Le budget carbone restant pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C est en train de se réduire drastiquement. Au rythme actuel, ce budget sera épuisé avant 2030, selon les projections du sixième rapport d’évaluation.

Pour rester en dessous de ce seuil, le GIEC recommande une réduction des émissions de gaz de 43 % d’ici 2030 (par rapport à 2019) et une neutralité carbone mondiale à atteindre d’ici 2050.

Ces objectifs impliquent une transformation rapide et profonde des systèmes énergétiques, agricoles, industriels et urbains.

Objectif de +1,5 °C encore atteignable
Le GIEC affirme qu’il est encore possible de limiter la hausse des températures, à condition d’agir immédiatement et de manière coordonnée. Cela nécessite :

  • une transition écologique massive,
  • une réduction rapide de la demande énergétique mondiale,
  • des mesures d’adaptation au changement climatique ciblées.

Chaque année de retard réduit nos marges d’action, accroît les coûts économiques et humains, et rend les conséquences du dérèglement plus graves encore.

Agir en connaissance : l’importance du GIEC

Un outil d’aide à la décision publique

Informations climatiques validées pour les gouvernements
Le GIEC fournit aux décideurs politiques des informations robustes, accessibles et comparables à l’échelle internationale. Ses rapports d’évaluation, ses résumés techniques, et ses documents méthodologiques sont conçus pour aider les gouvernements à prendre des décisions fondées sur des données.

Pour rappel, les contributions du GIEC sont :

  • non prescriptives, mais pertinentes politiquement ;
  • basées sur une revue exhaustive de la littérature scientifique internationale ;
  • conçues pour refléter l’état des connaissances sur l’évolution du climat avec un niveau de confiance défini.

Les stratégies d’adaptation, les plans climat nationaux, et les programmes d’atténuation s’appuient souvent sur les travaux du GIEC, qui constituent une base partagée dans les négociations internationales, notamment au sein de l’ONU.

Un repère pour les citoyens et la société civile

Accès libre aux rapports, résumés et données
Les publications du GIEC sont disponibles en ligne, gratuitement, dans plusieurs langues. Cette accessibilité renforce leur rôle dans :

  • l’éducation au climat (écoles, universités),
  • les campagnes de sensibilisation (ONG, collectivités),
  • la communication institutionnelle sur les politiques environnementales.

Les rapports spéciaux et les résumés à l’intention des décideurs sont particulièrement utiles pour vulgariser des enjeux complexes comme la cryosphère, la dégradation des sols, ou l’adaptation et vulnérabilité.

Icon svg

Comprendre les travaux du GIEC, c’est se donner les moyens de mieux agir à l’échelle individuelle et collective. Dans un monde confronté à des risques environnementaux majeurs, il reste un acteur central, à la croisée des sciences, de la politique et de la société. Icon svg

Un acteur pédagogique central dans la transition écologique
Au-delà des gouvernements, le GIEC éclaire :

  • les entreprises, qui y trouvent des repères pour intégrer les risques climatiques
  • dans leurs stratégies de développement durable ;
  • les médias, qui relayent ses conclusions pour alerter l’opinion publique ;
  • les citoyens, qui peuvent suivre l’évolution du climat et les conséquences de l’inaction.