En février 2024, les tarifs réglementés de vente (TRV) d’électricité augmenteront pour plusieurs raisons principales :
La taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), anciennement connue sous le nom de CSPE, a augmenté significativement, passant d’un prix de 0,1 à 2,1 centimes d’euros par kWh (hors TVA) pour tous les consommateurs d’électricité.
Le bouclier tarifaire, mis en place pour contenir les hausses de prix, sera progressivement supprimé d’ici février 2025. En conséquence, les tarifs de l’électricité ont augmenté de 8,6 % pour une offre en tarif de base et de 9,8 % pour une offre en tarif heures pleines-heures creuses à partir du 1er février 2024.²
La TICFE, qui avait été abaissée durant la crise énergétique pour contenir les hausses, repasse à 21 € par mégawattheure (MWh) après avoir été réduite à 1 €/MWh en 2022 et 2023.
Les tarifs sont réévalués deux fois par an. L’augmentation en février 2024 fait suite à une décision du Gouvernement visant à ajuster les tarifs en fonction des fluctuations du marché européen de l’électricité et des coûts de production.
Les TRV d’électricité (Tarifs Réglementés de Vente d’électricité), trouvent leurs racines dans une volonté de reconstruction nationale. En instaurant un tarif unique pour l’électricité, le gouvernement d’après-guerre visait à faciliter la reprise économique et à garantir que chaque foyer puisse bénéficier de l’électricité à un tarif raisonnable.
Avec l’ouverture du marché à la concurrence en 2007, le paysage énergétique français a connu une transformation significative. Cette libéralisation a introduit une diversité d’offres et de fournisseurs, donnant aux consommateurs la possibilité de choisir entre les tarifs réglementés de vente ou TRV d’électricité, proposés exclusivement par le fournisseur historique EDF, et les offres de marché, proposées par les fournisseurs alternatifs.
Dans ce contexte, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) joue un rôle crucial. En tant qu’autorité administrative indépendante, la CRE supervise la fixation et la révision des TRV d’électricité. Ils sont établis en additionnant :
Le travail de la CRE assure que les tarifs réglementés de vente ou TRV d’électricité soient ajustés de manière équitable, reflétant les coûts réels de production, d’acheminement et de distribution de l’électricité. La méthodologie de fixation des prix implique une révision annuelle, basée sur une proposition de la CRE au gouvernement, qui a ensuite trois mois pour accepter ou rejeter cette proposition.
La CRE, autorité administrative indépendante, supervise la fixation et la révision des TRV d'électricité.
Rappelons en effet que les Tarifs Réglementés de Vente ou TRV d’électricité ont été définis par le droit européen pour garantir un accès abordable à l’énergie pour tous les consommateurs. Mais il s’agit d’un dispositif temporaire amené à être supprimé à la faveur d’un marché davantage compétitif et de prix plus avantageux.
Cette structure réglementaire garantit que les TRV d’électricité restent compétitifs et justes, offrant une protection aux consommateurs tout en permettant une concurrence saine sur le marché. Les TRV électricité servent donc non seulement de référence pour les prix de l’électricité mais aussi comme un outil de régulation visant à préserver l’équilibre entre accessibilité et viabilité économique du secteur énergétique français.
Le processus de fixation et de révision des tarifs est donc essentiel pour maintenir cette équité. Il tient compte des fluctuations des coûts d’approvisionnement en énergie, des coûts de distribution et des taxes applicables. Ce mécanisme assure que les Tarifs Réglementés de Vente ou TRV d’électricité reflètent fidèlement les coûts économiques réels associés à la fourniture d’électricité, tout en protégeant les consommateurs contre les hausses imprévisibles des prix.
Les TRV d'électricité représentent un équilibre délicat entre les impératifs économiques et le bien-être des consommateurs dans la stratégie nationale pour une énergie abordable et durable.
![]()
Les Tarifs Réglementés de Vente ou TRV d’électricité apparaissent comme un mécanisme de protection pour les consommateurs, offrant une certaine prévisibilité dans un secteur marqué par la volatilité des prix de l’énergie. Instaurés dans un contexte de monopole d’État avec EDF comme principal fournisseur, ces tarifs réglementés assurent que les prix de l’électricité restent accessibles pour les ménages et les petites entreprises, contribuant ainsi à une meilleure gestion du budget annuel.
La loi du 11 avril 2024 acte la nationalisation totale d’EDF par l’État français et modifie le code de l’énergie pour établir EDF comme une société d’intérêt national. Elle met en place un contrat décennal révisable tous les trois ans entre EDF et l’État pour aligner la stratégie d’EDF sur des objectifs de décarbonation, de maîtrise des prix, et d’adaptation de la production. De plus, la loi étend les tarifs réglementés d’électricité à toutes les petites communes et TPE à partir de février 2025, impactant positivement un million de TPE supplémentaires et 10 000 communes.
La stabilité des prix offerte par les TRV d’électricité est particulièrement importante pour les petits consommateurs, qui bénéficient de tarifs électricité fixés par les autorités publiques. Cette stabilité est essentielle dans un contexte où les fluctuations des prix de l’énergie peuvent avoir un impact significatif sur les dépenses énergétiques des ménages. Les TRV d’électricité aident à protéger les consommateurs des pics soudains de prix et offrent une grille tarifaire prévisible, facilitant ainsi la planification des dépenses énergétiques.
Notons également que les TRVE constituent aussi un prix de référence à répliquer pour tous les fournisseurs alternatifs, afin d’être compétitifs.
Le calcul des TRV d’électricité prend en compte divers facteurs, incluant :
Les coûts d’approvisionnement couvrent la production et la commercialisation de l’électricité, tandis que les frais d’acheminement concernent le transport et la distribution de l’énergie jusqu’aux consommateurs.
Les TRV d’électricité comprennent notamment la TVA, la Contribution au Service Public de l’Électricité (CSPE), et la Contribution Tarifaire d’Acheminement (CTA). Ces éléments fiscaux ajoutent une couche supplémentaire au prix final de l’électricité, reflétant les coûts liés aux infrastructures énergétiques, au développement durable, et à la solidarité nationale.
Les offres de marché se distinguent par leur variabilité et leur adaptabilité aux besoins spécifiques des consommateurs. Ces offres se répartissent principalement en deux catégories : les offres à prix fixe, où le prix du kWh reste inchangé pendant la durée du contrat, offrant une prévisibilité budgétaire contre les fluctuations du marché de l’énergie. Et les offres à prix variable, où le prix du kWh peut évoluer en fonction des conditions de marché, offrant potentiellement des économies lorsque les prix de l’énergie baissent.
La liberté de choix est un avantage majeur des offres de marché, permettant aux consommateurs de sélectionner le fournisseur et l’offre qui correspondent le mieux à leur consommation et à leur budget annuel estimé. Les fournisseurs alternatifs proposent souvent des tarifs compétitifs et des options innovantes, augmentant ainsi la concurrence et potentiellement réduisant les prix de l’électricité.
Le principe de réversibilité est une caractéristique unique du marché énergétique français, permettant aux consommateurs de revenir aux TRV d’électricité après avoir choisi une offre de marché. Ce droit assure une couche supplémentaire de protection pour les consommateurs, leur donnant la possibilité de bénéficier des avantages des offres de marché tout en conservant l’accès à la sécurité et la stabilité des TRV.
La loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité), entrée en vigueur en 2010, a renforcé le principe de réversibilité en établissant un cadre législatif qui encourage la concurrence tout en préservant les intérêts des consommateurs. Cette loi a également contribué à une meilleure régulation du marché, en imposant aux fournisseurs alternatifs de garantir une capacité suffisante pour répondre à la demande, même lors des pics de consommation.
La fin des TRV de gaz en 2023 marque une étape importante dans l’évolution du marché énergétique français, signalant potentiellement des changements similaires à venir pour l’électricité. Cette suppression s’inscrit dans une volonté de conformité avec les directives européennes visant à libéraliser les marchés de l’énergie pour stimuler la concurrence et réduire les prix pour les consommateurs.
Cependant, le cas des TRVE est différent. En effet, ils ne sont pas soumis aux mêmes mesures que les TRV gaz car l’électricité est établi comme un besoin de première nécessité dans la loi. L’existence des TRV d’électricité est d’ailleurs justifié par ce principe.
La loi énergie-climat a été adoptée pour soutenir la transition vers un modèle énergétique plus durable. En fixant des objectifs ambitieux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, elle guide la stratégie nationale bas carbone et influence indirectement le marché de l’électricité, en favorisant le développement des énergies renouvelables et en encourageant les économies d’énergie.